Description

Portes à encadrements variables caricaturant les lois de la perspective, percées chacune, à l’emplacement d’un des 7 orifices de mon corps, d’un oculus qui les met en abîme et par lequel la peinture vous regarde.

 

 

« Chambres Noires », nées d’une rage incendiaire contre des couleurs qui masquaient mon désir, polyptyque étrange que je n’ai compris que plus tard, dont l’achèvement épuisant fût comme une muraille obstinément grignotée qui se troua tout à coup.

Cette immobilité de 9 mois dans le Noir fit éclater par asphyxie en quelque sorte, l’inspiration de la lumière….

Pendant l’élaboration de cette « œuvre au noir », je fis un rêve très beau… Je me trouvais sur une place carrée écrasée de soleil et entourée de portiques, un peu comme dans les tableaux de Chirico. Chaque côté de cette place fermée était percée de trois portes donnant sur des passages sombres. Après m’être demandé quelle porte je devais choisir, je me résolus à prendre n’importe laquelle, et je me retrouvai dans un immense couloir plein d’autres portes. J’appliquais la même absence de méthode et je poussais une porte au hasard, et chaque fois je retombais sur le même scénario, un couloir plein de portes. J’avançais ainsi dans la pénombre, sans réfléchir, jusqu’au moment où soudain, une porte s’ouvrit sur un éblouissement. J’étais à nouveau sur la place ensoleillée.

Je me souviens du sentiment de satisfaction profonde que j’éprouvais, lié à la certitude d’avoir tout parcouru et je me dis : « maintenant, je peux mourir ».

Je ne veux pas rentrer rétrospectivement dans l’interprétation de ce beau rêve qui garde dans ma mémoire l’inaltérabilité que les chefs-d’œuvre gardent dans le temps, mais ce qui me frappe tout de même, c’est cette lumière solaire une deuxième fois donnée et comprise seulement cette deuxième fois, après décryptage en quelque sorte, comme si tout le travail de création était de retourner en deçà du premier surgissement et de le réfléchir.

Hélène Mugot.

Détails

Date: 1979

Technique: Peinture vinylique et mine de plomb sur bois brûlé + crayons de couleur sur collages de papier.

Dimensions: 7 ( H= 2m x l= 1m )

Credits photographiques: Laurent Bianchani.