A propos de « Court Circuit »
C’était une des bonnes surprises de la Fête des lumières. Dans la chapelle de la Trinité, très bel édifice baroque méconnu, Hélène Mugot avait dressé 2000 bocaux, formant ainsi une mer de loupiotes, redonnant au lieu sa dimension sacrée, renouant aussi avec les origines de la célébration du 8 décembre où il est de tradition de mettre des lampions aux fenêtres depuis 1840. Une aubaine pour cette artiste qui travaille la lumière comme une seconde nature et dont l’œuvre est imprégnée par le symbolisme. Il n’y a qu’à regarder les réalisations présentées à la galerie
Le Réverbère pour s’en convaincre.
Dès l’entrée, le visiteur est happé par ces drôles de gravures aux formes fantastiques.
Mais ce n’est qu’illusion puisqu’en fait ce sont des photographies, retravaillées, « raboutées dans le même tirage de négatif et positif ».
Clichés d’oliviers millénaires au tronc noueux se transformant au gré de l’imagination : trolls nordiques ou dragons furieux, antre de fées aux apparitions évanescentes, il suffit de se laisser aller à l’inspiration de l’instant. Plus loin c’est un grand rouleau de papier calque, 20 mètres de long, roulé aux deux extrémités qui porte bien son titre : -litanie- pellicule complète de mouvements e marée. Cela ressemble à une vague sans qu’on puisse être sûr de ce quon voit. Ce pourrait être un paysage minéral, volcanique et aride. On s’approche, on peut même toucher, chose fort rare dans un lieu de ce type. Ombres et lumière, contrastes, nuances imperceptibles, la chair de la lumière apparaît. Hélène Mugot affectionne les points de vue, les angles divers. Dans la pièce, trois façons de traiter les mêmes images : en ligne, en boucle, en néon.
A l’étage, la couleur assaille le visiteur. Coucher de soleil huit fois renouvelé, en accéléré, il s’agit de Méduse, ode au soleil flamboyant avec braiment de l’âne méditerranéen en guise de prière. Où la symbolique rejoint le mythe. Où le mythe devient symbole.
Pour lui répondre, Icare, polyptyque de ronds de lumières. Comme lui s’était brûlé les ailes, elle brûle des pellicules et les yeux du preneur de vue, finissant par utiliser un subterfuge pour obtenir le résultat qu’elle recherche. Autre déclinaison de l’astre rougeoyant. Hommage à cette Méditerranée qui l’a vue grandir puis partir.
Il y a également ce Char du soleil, installation lumineuse qui explore les couleurs primaires et laisse apparaître, si l’on s’approche, les cernes du bois. Réflexion sur la nature et la lumière, ses métamorphoses et ses perceptions, l’œuvre d’Hélène Mugot, née à Bougie (ça ne s’invente pas) en Algérie, est tout simplement lumineuse.
Gallia Valette Pilenko
Hélène Mugot « Court Circuit » du 03/12/ 2003 au 21/02/2004
EN RESONANCE AVEC LA BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN
Galerie Le Réverbère : 38 rue Burdeau 69001 LYON