Description
ARDRE se présente, soit sous la forme de 6 couples de photos noir & blanc d’oliviers millénaires (42 x 65 cm), soit sous la forme monumentale d’une série de projections diapos en fondu-enchaîné (dimensions variables). La version monumentale en projections fut créée dans le cadre de l’exposition « Licht » au Kunstverein de Heidelberg.
Il existe 2 photos (ou diapos) complémentaires pour chaque olivier, la première étant positive dans sa moitié supérieure et négative dans sa moitié inférieure, la seconde étant négative dans sa moitié supérieure et positive dans sa moitié inférieure.
Les fondus-enchaînés de ces projections (diapos noir & blanc) se font sur un rythme de respiration humaine de dormeur. Le « feu » de la moitié négative monte et redescend dans l’image qui, sans bouger pourtant, semble se dilater et se rétracter alternativement. Le spectateur devient voyant de la lumière qui nourrit les arbres. Les 6 images peuvent être projetées individuellement ou côte à côte, en une espèce de danse macabre.
« Je découvris l’oliveraie millénaire dont ces arbres sont issus, au hasard d’une promenade sur l’île de Zakinthos en Grèce. Il était midi. Le ciel était blanc de chaleur, la terre était sèche et pâle et ces monstrueuses figures couleur de cendre s’étaient figées dans la douleur déformante de la brûlure.
Je crus les entendre hurler, sentir l’odeur du brasier qui les avaient consumés.
Je ne vis les feuilles qu’ensuite, comme une aberration…
Plus tard, un paysan me dit dans un mauvais anglais, qu’ils avaient été plantés par les vénitiens mille ans auparavant, qu’ils donnaient toujours des olives et que l’huile qu’on en tirait était consacrée au Saint-Chrême.
De retour à Paris, cette oliveraie me hanta longtemps avant que je ne sache comment restituer la vision hallucinée que j’avais eue à Zakinthos, faire sentir le feu qui continuait de brûler leurs corps et l’énergie lumineuse qui les traversait de part en part comme une respiration.
Quand je sus comment les ranimer, ces étrangers, miraculeusement, rejoignirent le cortège de mes œuvres qui, chacune à sa manière, tente de remonter ainsi que l’écrit Plotin dans “ les Ennéades ”, de l’étincelle enfouie dans chaque fragment du monde vers la lumière de l’origine. »
Hélène Mugot
Détails
Date: 1997
Technique: 6 couples de photographies N&B, ou série de projections diapos.
Dimensions: 42 x 65 cm, ou dimensions variables
Lieu Exposition: Heidelberger Stadtgalerie (photo 1), CEAAC de Strasbourg (photos 2-3), Galerie de l’ESA du Havre (photo 4) et Abbaye du Ronceray d'Angers, Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon.
Credits photographiques: Lossen Photo (photo 1) / Klaus Stöber (photos 2-3) / Flirt (photo 4) / Hélène Mugot (6-15).