La Caresse du soleil

A l’époque où je rêvais d’atteindre un art de pure lumière et où mes doigts obstinément se rappelaient par leurs traces, sur mes œuvres, à ma condition charnelle, je découvris en pratiquant l’holographie, que chaque lumière monochromatique possédait ce qu’on appelle une frange d’interférence qui, selon la couleur de cette lumière dessinait une espèce d’empreinte aux sillons concentriques, larges dans le rouge, moyens dans le vert et fins dans le bleu… Je crus y reconnaître les empreintes divines des 3 doigts pointés vers le bas qu’on trouve souvent tout en haut de certaines fresques romanes… La main de Dieu est ainsi représentée, avec en demi – cercle au-dessous, l’arc-en-ciel… La Physique faisait la preuve en quelque sorte de la vision romane ; la Lumière rayonnante du Soleil et la main divine se confondaient.

Dans l’imaginaire poétique de l’Homme, Dieu réussissait à faire « une », la matière de la chair et l’immatérialité de la lumière, qui reste pour lui à jamais séparées.
C’est à cete même époque que je conçus l’œuvre « de consolation » : Noli me tangere. En projetant le spectre lumineux de mes 10 empreintes digitales, j’éprouvais la joie d’avoir fondu ensemble ma nostalgie de chair et mon désir de lumière.

 

la caresse du soleil

La Caresse du Soleil , imaginée aussi à cette même époque et créée seulement aujourd’hui, au Centre d’Art Sacré de Pontmain, est de cette veine…

Le phare du soleil, tourne au milieu d’une ronde de planètes éblouies.

Mes empreintes digitales, comme des comètes chevelues ou des galaxies, révélées par son rayonnement ultra-violet, surgissent du néant, resplendissent chacune dans sa propre couleur et s’effacent tour à tour…

Un cosmos polychrome naît et meurt sous la caresse du soleil… un cosmos qui est la caresse même de Dieu.

Pont-main… arc-en-ciel, doigts de la main… Le nom disait que c’était là, le bon endroit pour apparaître , pour que la Lumière « explique » la Chair…

Descriptif Technique :

Au centre de l’espace, un pylône métallique au sommet duquel tourne, actionné par un moteur, un gros projecteur de lumière de Wood (lumière noire – ultraviolets). Ce projecteur balaie lentement de son large faisceau, les murs de l’espace.

Sur ces pans de murs, plus ou moins grandes selon l’espace disponible et pour créer l’illusion d’une profondeur, ont été peintes mes dix empreintes digitales avec un vernis acrylique spécial (marque Rosco – USA), invisible en lumière du jour ou en lumière électrique classique mais fluorescente sous les ultraviolets. Ces vernis existent dans une gamme de couleurs assez large pour recomposer la diffraction du spectre solaire. Les dessins des empreintes sont reportés sur les murs par projections / diapositives et directement peints avec ces vernis spéciaux.

 

Hélène Mugot, 2002