Court-Cirtuit
Chaque œuvre accomplie appelle la fuite pour ne pas courir le risque de l’opacification dans la suivante.
Varier les sources, les lunettes, les écrans pour tenter d’y voir plus clair, plus loin que chaque éclat, déployer toutes les couleurs du spectre pour la rendre visible et soutenable par nos sens « débiles », ré-emmêler le positif et le négatif de son écriture pour approcher son point aveugle, espérer que s’articule dans la chambre noire de notre mémoire, le puzzle de toutes ses facettes en un portrait moins amoindri, tel pourrait s’énoncer le programme général.
A la Galerie « Le Réverbère » spécialisée dans la photographie, seront montrées quelques œuvres choisies dans ce champ-là de mon travail sur la lumière.
Si j’utilise souvent le médium de la photographie et de la vidéo, je n’aime pas faire de photos ni de films, d’ailleurs je n’en fais jamais dans la vie quotidienne.
Les traces visuelles bornées obtenues par l’appareil déçoivent toujours le souvenir de ma vision, déclenchée seulement par un fragment de réalité.
Les œuvres photographiques et vidéographiques présentées à la galerie ont toutes subi un travail de transformation de la prise de vue initiale pour re-créer l’épiphanie originelle.
Compression du temps d’enregistrement doublée d’une bande-son pour « Méduse », ballet de vie et de mort du soleil conçu pour 8 vidéo-projections (dont la version réduite est présentée ici), fondu-enchaîné de clichés successifs et contraste exagéré des valeurs pour « Okéanos », lent magma où se confondent l’océan écumeux, le ciel nuageux et la terre en feu, montage infographique d’une séquence d’ instantanés en panoramique géant pour « Litanie » , espèce d’espace-temps, ode à la théorie de la relativité d’A. Einstein, combinaison soigneusement raboutée dans le même tirage, de négatif et de positif pour la série tragique d’ « Ardre », sculpture de caissons lumineux pour « le char du soleil », polyptyque d’« Icare », « Extases » photographiques… la lumière, vite !
Hélène Mugot, mai 2003